Reuters, 13 février – Le responsable des Nations unies chargé de superviser les inspections des sites nucléaires iraniens a été muté à un autre poste neuf mois après avoir été interdit de séjour en Iran, a rapporté un haut diplomate.
Le Belge Chris Charlier dirigera à partir du 1er avril les activités de l’AIEA au Brésil et en Argentine, a précisé le diplomate. L’Iran a été sanctionné en décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies pour avoir refusé de cesser d’enrichir de l’uranium – procédé qui peut permettre de fabriquer des bombes ou d’alimenter des centrales électriques – et de faire obstacle aux enquêtes de l’AIEA sur son programme nucléaire.
Les autorités iraniennes ont écrit le mois dernier au siège de l’agence à Vienne pour demander le départ de son chef de bureau en Iran. Le diplomate a indiqué que le directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradeï, avait décidé de retirer Charlier de ce poste non pas pour céder aux exigences de l’Iran, qualifiées par Washington d' »exorbitantes », mais parce qu’il ne pouvait plus exercer sa mission pleinement en raison de l’interdiction qui lui avait été faite d’entrer sur le territoire iranien.
Le diplomate a rejeté les accusations de partialité formulées par Téhéran à l’encontre du Belge. Les autorités iraniennes l’accusaient notamment d’avoir communiqué aux médias des informations confidentielles.
PAS DE « SOLUTION MAGIQUE »
« Mais il n’y avait pas de solution magique. L’Iran ne donnera pas de visa à Charlier. Dans l’incapacité de se rendre en Iran, il ne pouvait pas remplir pleinement sa mission. Charlier a été informé de cette décision la semaine dernière », a déclaré à Reuters le diplomate.
Charlier, qui travaille depuis 25 ans pour l’AIEA, va être remplacé par un autre inspecteur, fort de la même expérience et qui a notamment officié en Irak sous le régime de Saddam Hussein.
« Evidemment, l’Iran ne peut pas dicter à l’AIEA la liste des personnes qui peuvent être affectées à l’Iran. Mais ils ont le droit souverain de ne pas vouloir d’un inspecteur, qu’ils n’apprécient pas. L’AIEA ne peut pas forcer le passage ou parachuter quelqu’un », a indiqué le diplomate.
« Je sais que certains Etats membres vont dire que l’agence a cédé à la pression des Iraniens. Mais l’AIEA dispose d’autres personnels qualifiés pour assumer cette fonction », a-t-il poursuivi. Le mois dernier, l’Iran a interdit de séjour 38 autres inspecteurs, tous issus d’Etats occidentaux ayant soutenu les sanctions infligées par l’Onu à l’Iran, sur les 200 personnes affectées à plein temps au bureau de l’AIEA à Téhéran.