AFP, Vienne, 30 avril – L’Iran pourrait compliquer les travaux des 188 pays signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) réunis depuis lundi pendant deux semaines à Vienne pour préparer une conférence de révision de ce traité qui doit en principe se tenir en 2010, selon des diplomates.
Une première conférence de révision, réunie en mai 2005 à New York, s’était soldée par un échec, les Etats signataires n’étant pas parvenus à s’entendre sur un ordre du jour.
Lundi, l’ambassadeur iranien Ali Asghar Soltanieh, a jeté un froid lors de l’ouverture de la conférence, en indiquant aux journalistes qu’il fallait reprendre dans les mêmes termes l’ordre du jour de 2005 pour tout ce qui concernait les obligations des Etats signataires.
Un ordre du jour appelant à « réaffirmer la nécessité de totalement se conformer aux obligations du traité » ne me semble pas « la bonne formule », a par ailleurs déclaré l’ambassadeur, selon un diplomate qui résumait les débats.
Ali Asghar Soltanieh a précisé qu’il ne voulait pas que l’ordre du jour soit « orienté dans certaines directions ».
« Cela pourrait créer trop de tensions sur un pays », a-t-il ajouté.
Selon un diplomate, cette position montre que l’Iran veut empêcher tout vrai débat sur les obligations des Etats signataires.
Des diplomates ont déclaré craindre que cette conférence de deux semaines ne s’enlise dans des querelles procédurières comme ce fut le cas à New York en mai 2005.
L’ambassadeur allemand Ruediger Luedeking, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé qu’un débat sur la procédure serait « improductif » et qu’il ne devrait pas faire obstacle à une discussion de fond sur les problèmes du TNP.
Elaboré au coeur de la guerre froide en 1970 et prolongé en 1995, le TNP est jugé inadapté dans sa forme actuelle aux risques de prolifération incarnés notamment par les programmes nucléaires iranien et nord-coréen.
« Ce n’est pas un secret que le TNP a été confronté à de sérieux défis » ces dernières années, a souligné l’ambassadeur japonais Yukiya Amano, président de la réunion de Vienne, en relevant que les dossiers iranien et coréen étaient « devenus plus pressants ».
En ouvrant la conférence, la ministre autrichienne des Affaires étrangères Ursula Plassnik a souligné qu' »aujourd’hui le TNP traversait une crise grave ».
Destiné à promouvoir le désarmement nucléaire et à empêcher de nouveaux Etats de se doter de la bombe, le Traité s’est montré impuissant à empêcher la Corée du Nord, qui l’a dénoncé en 2003, de procéder a un essai nucléaire en octobre 2006.
Il a également échoué à dissuader l’Iran de développer une filière d’enrichissement d’uranium malgré des sanctions de l’ONU.
Les Etats-Unis, comme la plupart des pays occidentaux, souhaitent également qu’un Etat reste soumis à ses obligations même s’il dénonce formellement le traité, comme l’a fait Pyongyang et comme peut le faire Téhéran.
« Un pays qui viole (le TNP) doit assumer la responsabilité de ses actes et le simple fait d’en sortir ne doit pas pouvoir être une façon d’effacer les infractions », a souligné le chef de la délégation américaine, Christopher Ford.
Ls pays non-alignés reprochent pour leur part aux cinq grandes puissances nucléaires signataires (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Chine) de manquer elles-mêmes à leurs engagements en matière de transparence et de désarmement et souhaitent qu’Israël, un Etat nucléaire non-signataire, soit soumis aux obligations du traité au même titre que l’Iran.
Le TNP est en outre fragilisé par la nouvelle doctrine américaine de frappes préventives et par la modernisation par la Grande-Bretagne de son arsenal nucléaire.
Téhéran estime garanti par le TNP son droit à développer une filière nucléaire complète à des fins pacifiques. Mais les Occidentaux soupçonnent un artifice destiné à permettre à se pays de se doter d’une capacité militaire.
Un diplomate a souligné que les participants devaient parvenir à un accord sur l’ordre du jour d’ici mercredi à l’heure du déjeûner, conformément aux règlements de la conférence.