AFP, Téhéran, 27 novembre – La justice iranienne a annoncé mardi la fin des poursuites pour espionnage contre Hossein Moussavian, porte-parole de l’ancienne équipe des négociateurs du nucléaire et proche des modérés du régime, prenant le contre-pied du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad.
« Il était accusé d’espionnage, de possession de documents secrets et de propagande contre le régime. Il a été reconnu innocent des deux premiers chefs d’accusation et coupable du troisième », a déclaré Alireza Jamshidi, porte-parole de la justice, lors de son point de presse hebdomadaire.
Il a toutefois ajouté que « le procureur pourrait donner un avis contraire et dans ce cas, l’affaire ira devant le tribunal et il reviendra au juge de se prononcer ».
Un peu plus tôt mardi, le porte-parole du gouvernement, Gholamhossein Elham, a demandé un « procès public pour juger l’espion nucléaire », illustrant clairement les divergences dans cette affaire entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire.
« La justice et les juges sont indépendants et nous pensons qu’il faut organiser un procès public pour l’espion nucléaire pour que tout soit éclairci », a dit M. Elham.
L’affaire souligne les tensions croissantes entre le président Mahmoud Ahmadinejad et ses adversaires politiques, dont M. Moussavian est proche.
Après l’annonce de l’acquittement de M. Moussavian, des étudiants islamistes de l’université Sciences et Industrie ont annoncé un rassemblement devant le siège de la justice pour protester contre cette décision.
M. Moussavian faisait partie de l’équipe des négociateurs du nucléaire dirigée par Hassan Rohani, qui a été remplacée en 2005 avec l’arrivée au pouvoir de M. Ahmadinejad.
Il faisait l’objet d’une enquête après avoir été interpellé quelques jours en mai. Il avait été ensuite libéré sous caution.
Le président Mahmoud Ahmadinejad avait accusé en septembre puis de nouveau à la mi-novembre ses adversaires politiques de faire pression sur le juge chargé du dossier de M. Moussavian pour obtenir sa libération.
M. Moussavian est réputé proche de l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, un conservateur pragmatique, mais aussi de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami.
MM. Rafsandjani et Khatami ont récemment critiqué à mots couverts la politique de M. Ahmadinejad.
« Les traîtres ont fait pression sur le juge dans une affaire pour acquitter un espion. La nation iranienne ne permettra pas à certains de sauver les coupables de la vengeance populaire en usant de leur influence économique et politique », avait déclaré M. Ahmadinejad.
Le ministre des Renseignements Gholamhossein Mohseni-Ejeie avait pris le parti de M. Ahmadinejad sur ce point en affirmant que : « Plusieurs personnes influentes ont demandé au juge de relaxer » M. Moussavian.
Il avait ensuite chargé l’intéressé le 14 novembre, en assurant que M. Moussavian avait fourni à des étrangers, notamment à l’ambassade britannique, des informations contraires aux intérêts et à la sécurité nationale.
« Cette accusation lui a été notifiée dès le premier jour et, pour le ministère des Renseignements, elle a été prouvée », avait-il ajouté, en estimant que M. Moussavian « était coupable » mais qu’il appartenait au juge d’en décider.
M. Moussavian était apparu le 12 novembre aux côtés de M. Rafsandjani lors d’une réunion où ce dernier avait critiqué implicitement la politique nucléaire du président Ahmadinejad. Il avait averti de l’existence d’un « grave danger » pour le pays, contrairement aux assurances fournies par le président.