AFP, 25 décembre – Le projet du bouclier antimissile américain en Europe pourrait viser à dissuader la Russie et à changer le régime politique en Iran, a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dans un entretien publié mercredi par le quotidien russe Vrémia Novosteï.
« Selon nos estimations, l’objectif (du déploiement du bouclier antimissile) est de créer un système qui ne viserait pas à neutraliser les menaces hypothétiques iraniennes, mais à dissuader la Russie », a déclaré M. Lavrov.
Selon lui, le changement de régime en Iran pourrait être « un objectif associé ».
Dans le cadre du travail des six médiateurs internationaux (Russie, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine et Allemagne) « nous avons clairement fixé que notre objectif était de s’assurer du caractère civil du programme nucléaire iranien (…). Le changement de régime ne fait pas partie de notre tche », a indiqué le ministre russe.
« Si nos partenaires américains poursuivent l’objectif de changer le régime en Iran, ce serait un partenariat incorrect …et nous nous y opposerons », a-t-il souligné.
Selon M. Lavrov, la suspension des activités nucléaires iraniennes ne devrait pas être « une fin en soi » pour les médiateurs internationaux, mais « un moyen de s’assurer du caractère civil du programme nucléaire iranien ».
« Du point de vue économique, l’Iran n’a pas besoin de poursuivre son programme d’enrichissement d’uranium », a estimé le chef de la diplomatie russe.
« Nous essayons de persuader les Iraniens que l’Iran profiterait de la suspension de ce programme, parce que cela aboutirait immédiatement aux négociations avec les « six », y compris les Etats-Unis », a-t-il indiqué.
« Ces négociations viseront une fois pour toutes à lever les soupçons que le programme nucléaire iranien puisse avoir d’autres composants que ceux purement civils. Si l’Iran accepte cette proposition, cela répondrait aux intérêts de tous », a encore souligné M. Lavrov.
Washington veut installer une station radar en République tchèque et des intercepteurs de missiles en Pologne d’ici 2012, affirmant vouloir parer une éventuelle menace iranienne.
La Russie y est opposé, considérant ces installations antimissiles comme une menace directe contre elle.