Selon le New York Times, il s’agirait de la première rencontre à ce niveau depuis la révolution iranienne et la crise des otages de l’ambassade américaine à Téhéran, en 1979. "C’est un événement unique et (M. Burns) sera là pour écouter, pas pour négocier", a précisé, selon Associated Press, un haut responsable américain. Selon le Washington Post, M. Burns ne rencontrera pas son homologue iranien en face-à-face et devrait se contenter de répéter que des négociations "sérieuses" ne pourront commencer qu’une fois que l’Iran aura suspendu son programme d’enrichissement d’uranium.
Des représentants des cinq autres puissances qui négocient conjointement sur ce dossier (France, Royaume-Uni, Allemagne, Chine, Russie) devraient également participer à la rencontre, destinée à éclaircir la réponse faite par l’Iran à une offre actualisée de mesures de coopération économique et politique, présentée le 14 juin à Téhéran par M. Solana. Cette offre cosignée par la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, est destinée à convaincre l’Iran de renoncer à ses activités nucléaires "sensibles".
L’EXEMPLE DE LA CORÉE DU NORD
Au deuxième jour de leur sommet au Japon, les dirigeants du G8 avaient appelé, le 8 juillet, la République islamique à suspendre l’enrichissement d’uranium et à "répondre positivement" à l’offre de coopération. Les six puissances qui négocient avec Téhéran ont cru déceler des dissensions au sein du régime iranien, qui a communiqué une réponse ambiguë sans se prononcer sur une chorégraphie proposée par M. Solana, selon laquelle les efforts de sanctions contre l’Iran seraient "gelés" en même temps que l’enrichissement d’uranium, avant une reprise de la négociation.
La réponse iranienne était, selon le Washington Post, notamment adressée à Mme Rice, ce qui aurait constitué un argument de plus pour envoyer M. Burns à Genève. Mais selon un responsable cité dans le New York Times, M. Bush aurait accepté de dépêcher le numéro trois du département d’Etat pour "pousser" ce qu’il croit être un avantage à un moment où des diplomates occidentaux pensent que les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité, les Etats-Unis et l’Union européenne commencent à éroder le régime iranien. La décision intervient toutefois quelques jours seulement après des tests de missiles iraniens.
Depuis près d’un an, Washington a autorisé des contacts entre ambassadeurs américain et iranien en Irak, mais uniquement pour évoquer l’influence de Téhéran dans le pays. Ces dernières semaines, les Etats-Unis ont aussi évoqué la possibilité d’ouvrir à Téhéran une section des intérêts américains qui, sans marquer la restauration de relations diplomatiques, faciliterait la reprise du dialogue. Les négociateurs européens souhaitent depuis longtemps que l’administration Bush s’implique plus directement. De son côté, le candidat démocrate à la présidence américaine, Barack Obama, a répété, mardi, qu’il était en faveur d’une "diplomatie directe" avec l’Iran, "étayée par des sanctions robustes" mais "sans pré-conditions".
A moins de six mois de la fin de son mandat, tandis qu’il ne peut revendiquer que peu de victoires diplomatiques, le président Bush a privilégié ces derniers mois l’aile la plus modérée de son administration sur le dossier du nucléaire nord-coréen, et semble désormais explorer une voie similaire sur le dossier iranien.