AFP, Téhéran, 7 février – L’Iran a persisté lundi dans son refus de renoncer définitivement à enrichir l’uranium, au moment où il entre avec l’Europe dans une phase de discussions cruciale à ses yeux, sur les garanties à donner qu’il ne cherche pas à avoir l’arme nucléaire.
L’un des principaux négociateurs iraniens, Sirous Nasseri, a déclaré sur la télévision d’Etat que son pays avait atteint un « point de non-retour » en ce qui concerne l’enrichissement.
Interrogé sur la proposition d’un moratoire de cinq ans sur les programmes d’enrichissement, M. Nasseri a répondu qu’elle constituait « la plus grosse bourde politique (de Mohamed) Elbaradei au cours de son mandat » à la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
« Cette proposition ne mènera nulle part. L’Iran a atteint ce point (de non-retour) au cours de l’année et demie écoulée, malgré les obstacles. Elle ne s’applique donc pas à nous », a-t-il dit.
Le directeur général de l’AIEA, agence onusienne veillant à la non-prolifération, a proposé en janvier un gel international des programmes d’enrichissement.
L’enrichissement, qui, selon son degré, peut fournir le combustible à des centrales électriques civiles ou à des bombes, représente une préoccupation majeure de la communauté internationale face aux activités nucléaires iraniennes.
Les trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) ont obtenu en novembre que la République islamique suspende toutes ses activités d’enrichissement. Ils lui ont promis une coopération nucléaire, technologique et commerciale contre des « garanties objectives » que ses activités nucléaires resteraient purement civiles.
Des discussions en vue d’un accord, engagées en décembre, doivent se poursuivre cette semaine à Genève, selon des sources diplomatiques.
« Les négociations de cette semaine avec les Européens sont les plus importantes du cycle de négociations », a déclaré le chef de l’Organisation de l’énergie atomique Gholamreza Aghazadeh, cité par la télévision.
« Ces négociations approchent de leur terme de trois mois », où les deux parties étaient convenues d’évaluer l’état des travaux, « et les Européens doivent nous dire plus clairement cette semaine quelles sont leurs intentions », a-t-il ajouté.
« Je ne suis pas satisfait de l’avancement du travail », a déclaré l’un des principaux dirigeants, Akbar Hachémi Rafsandjani, dans un entretien publié par le quotidien américain USA Today, « mais je suis heureux que les discussions se poursuivent ».
Pierre d’achoppement, les Européens entendent obtenir des Iraniens un renoncement durable à l’enrichissement, garantie probante que la technologie civile n’est pas détournée à des fins militaires.
Les Iraniens assurent que leur programme est purement civil et affirment ne consentir qu’à une suspension, le temps de trouver un accord avec les Européens, et pas plus de quelques mois.
« Nous ne permettrons pas que la négociation se poursuive longtemps », a déclaré devant la presse le porte-parole du gouvernement, Abdollah Ramezanzadeh. « La question consiste à négocier avec les Européens un calendrier de reprise des activités nucléaires à des fins pacifiques », a-t-il dit.
Un autre responsable nucléaire, Mohammad Saeedi, a même déclaré que « l’objectif est le développement de cette technologie » et que l’Iran entend devenir producteur mais aussi exportateur de combustible nucléaire.
Pour les Etats-Unis, sans lesquels les chances d’un accord entre Européens et Iraniens semblent considérablement compromises, il ne fait guère de doute que l’Iran veut l’arme atomique.
Le chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, a redit dimanche que « l’Iran est clairement un problème pour le système international ».
Le vice-président américain Dick Cheney a dit à son tour que Washington soutenait les efforts diplomatiques européens, mais n’avait « éliminé aucune alternative pour le moment ».
Le président George W. Bush a lui-même refusé d’exclure une action militaire si ces efforts échouaient.
L’Iran dit ne plus pouvoir renoncer à enrichir l’uranium
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