VIENNE (AFP) – Les Etats-Unis ont relancé jeudi leurs accusations contre l’Iran au sujet de possibles expériences nucléaires militaires alors que des progrès étaient enregistrés avec les Européens, mais sans accord, pour une résolution de l’AIEA sur le programme nucléaire de Téhéran.
Les tractations entre les Américains –qui veulent une saisie du Conseil de sécurité de l’Onu en vue de sanctions internationales– et l’Union européenne (UE) –qui refuse tout ultimatum explicite– pourraient, selon des diplomates, se poursuivre jusqu’au week-end à Vienne, siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La délégation américaine à Vienne a demandé à l’AIEA de s’expliquer sur le fait que l’agence onusienne de sûreté nucléaire n’ait pas encore visité le site militaire iranien de Parchine, près de Téhéran.
Des photos satellites du complexe ont été publiées mercredi soir par un organisme proche des services de renseignements américains, l’Institute for Science and International Security, et par la chaîne de télévision ABC News.
« Pour nous cela démontre des intentions militaires », a déclaré une source américaine.
« Nous démentons catégoriquement qu’il y ait des activités liées au nucléaire à Parchine », a rétorqué Hossein Moussavian, porte-parole de la délégation iranienne auprès de l’AIEA.
Des sources diplomatiques avaient indiqué à l’AFP vendredi dernier que l’AIEA avait fait une demande pour visiter le site, sans avoir reçu d’accord à ce stade, mais que l’agence onusienne n’a pas fait mention de Parchine dans son dernier rapport sur le programme iranien, début septembre.
M. Moussavian a démenti que la république islamique ait reçu une demande en ce sens: « Ils n’ont pas demandé d’y aller. S’ils le font, nous accepterons », a-t-il dit.
Un porte-parole de l’AIEA s’est refusé à tout commentaire mais son directeur-général, Mohamed ElBaradei, pourrait s’expliquer à ce sujet devant la presse.
Une visite à Parchine s’inscrirait dans les inspections que mène l’AIEA depuis 2003 pour s’assurer que le programme nucléaire iranien est bien pacifique comme l’affirme la république islamique et non pas militaire, comme le disent les Américains.
Le complexe militaire de Parchine, à 30 km au sud-ouest de la Téhéran, n’a rien de secret. Il abrite une série de projets de défense iraniens, notamment d’explosifs chimiques.
La crainte existe, selon des sources américaines, que les Iraniens mènent également à Parchine des expériences sur « des charges fortement explosives avec un coeur d’uranium appauvri » pour tester « à blanc » une réaction fissile militaire.
Un diplomate à Vienne n’a pas exclu cependant que l’affaire soit montée en épingle au moment où Washington fait pression pour obtenir des 35 gouverneurs de l’AIEA le texte le plus dur possible contre l’Iran .
De rudes négociations se déroulaient à ce sujet entre les délégations en marge de la réunion plénière du conseil des gouverneurs, qui a été ajourné depuis mardi soir à Vienne.
« Les différences se réduisent. On progresse, mais rien ne dit qu’on arrivera à un accord d’ici jeudi soir comme c’est l’objectif », ni même avant le week-end, a estimé un dipolomate européen auprès.
L’UE, a-t-il dit, « reste ferme » pour refuser que l’AIEA impose un ultimatum à l’Iran impliquant automatiquement l’envoi en novembre du dossier au Conseil de sécurité.
Les Etats-Unis jugent « essentiel et urgent » que les Iraniens prennent des « actions nécessairs » avant le 31 octobre, notamment sur la nature de leurs projets d’enrichissement et de conversion d’uranium et veulent des explications complètes pour « vraiment comprendre » leurs activités nucléaires passées.
« Nous faisons des progrès » et « les capitales en ont été saisies », a déclaré un responsable américain. Les trois grands Européens, Allemagne, Grande-Bretagne et France, « préfèrent une menace implicite » à Téhéran mais sans rupture du dialogue.