AFP: Les grandes puissances ont exprimé jeudi leur inquiétude grandissante concernant les visées du programme nucléaire controversé de l’Iran, lors d’une réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.
Le fait que Téhéran ne se conforme pas « à ses obligations envers six résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et ne satisfait pas aux conditions de dix résolutions de l’AIEA a augmenté les inquiétudes soulevées par la communauté internationale sur les intentions de l’Iran en matière de nucléaire », ont indiqué les grandes puissances (Groupe 5+1) dans une déclaration commune.
Ce groupe rassemble les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, France, Russie) plus l’Allemagne.
Dans un récent rapport, le directeur général de l’AIEA Yukiya Amano a « réitéré ses inquiétudes concernant l’existence d’une possible dimension militaire du programme nucléaire de l’Iran », ont-ils ajouté, exhortant le pays à coopérer pleinement avec l’AIEA, qui réunit son conseil des gouverneurs à Vienne jusqu’à vendredi.
L’agence onusienne enquête depuis de nombreuses années sur le programme nucléaire iranien, sans être en mesure de déterminer si ses visées sont pacifiques comme l’affirme Téhéran, ou militaires.
Mercredi, le pays a annoncé son intention de produire de l’uranium enrichi à 20% dans son nouveau site de Fordoo, au sud de Téhéran, et de multiplier par trois sa capacité de production, une décision qualifiée de « provocation » par les Etats-Unis et la France.
La révélation en 2009 de l’existence de ce site avait déclenché une grave crise avec la communauté internationale, conduisant au renforcement des sanctions contre l’Iran.
Enrichi jusqu’à 20%, l’uranium peut servir à produire du combustible pour des installations civiles, mais s’il est poussé à 90% il peut être utilisé à des fins militaires.
« Nous avons besoin de carburant nucléaire pour notre réacteur de recherche médicale de Téhéran », qui produit des radio-isotopes utilisés à des fins de diagnostics et de traitement de certaines maladies comme le cancer, s’est justifié l’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA Ali Asghar Soltanieh en marge de la réunion de Vienne.
« Des centaines de patients luttent contre le cancer et ont besoin de radio-isotopes. Et si nous ne pouvons pas avoir de combustible de la part de pays producteurs, alors nous devons accélérer afin de produire le combustible nécessaire » nous mêmes, a-t-il avancé.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a pour sa part affirmé que la décision de l’Iran n’allait pas à l’encontre des lois internationales.
« Nous rejetons la position française (…) l’agence (internationale de l’énergie atomique, AIEA) a validé le programme nucléaire iranien », a déclaré M. Salehi, cité par l’agence officielle Isna.
Le Quai d’Orsay avait notamment estimé que l’annonce de Téhéran renforçait « les préoccupations anciennes de la communauté internationale face à l’intransigeance du régime iranien et à ses violations constantes du droit international ».