OpinionAnalyseLe soulèvement en Iran : un an bientôt

Le soulèvement en Iran : un an bientôt

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ImagePar Jean Levert: Le 20 juin marquera l’anniversaire de l’insurrection en Iran. Personne n’a oublié le visage ensanglanté de Neda qui interpella toutes les consciences sur une des pires dictatures de notre siècle. Une semaine plus tôt, le 12 juin, Ahmadinejad volait la présidence suite à une machination frauduleuse. Le mouvement insurrectionnel traverse une phase de réflexion mais ne s’est pas, pour autant, essoufflé. Il s’est ancré en profondeur, radicalisant ses revendications et réclament rien de moins que le renversement du régime dans sa totalité.

 Le dernier mouvement d’ampleur remonte au 1er mai, lorsque cette fois les ouvriers sont montés en première ligne des manifestations à l’échelle nationale malgré des mesures de prévention et de répression draconiennes. Au mois de mai, les universités ont continué d’êtres agitées. Alors qu’Ahmadinejad se rendait le 9 mai à l’université Melli de Téhéran, les étudiants l’ont reçu au cri de « Mort à Ahmadinejad ».  

A l’approche de l’anniversaire du coup d’Etat électoral planifié par le guide suprême Ali Khamenei, l’opposition fourbit ses armes pour une nouvelle épreuve de force. Les réseaux sociaux diffusent des appels à manifester. La Résistance iranienne lance une mobilisation des forces de l’opposition pour des protestations du 10 au 20 juin prochain. 

L’inquiétude est grandissante chez les autorités. L’échec enregistré des chiites inféodés à Téhéran lors des élections irakiennes, et les perspectives des sanctions internationales annoncées pour juin dans le bras de fer sur le programme d’armement nucléaire iranien, ajoutent à la hantise. D’où une énorme agitation pour gagner du temps avec le concours du Brésil et de la Turquie.

Même si les pays occidentaux, préoccupés par leurs affaires commerciales avec Téhéran, et perturbé par les manœuvres de Téhéran, sont incapables de prendre des mesures paralysant le pouvoir iranien, un nouveau train de sanctions du Conseil de sécurité visant les institutions financières et les Pasdaran, l’épine dorsale de la théocratie, pourrait quand même contribuer à fragiliser encore plus le régime. 

Face à ces inquiétudes, le pouvoir répond par la violence et l’intimidation. Le 9 mai, 5 opposants kurdes dont une femme, ont été pendus à la sinistre prison d’Evine, provocant l’émoi dans la population. Shirine Alam-Houli, Ali Heydarian, Mahdi Islamian, Farzad Kamangar et Farhad Vakili ont été accusés de «Moharebeh», ou de «guerre contre Dieu».

En colère, la population des provinces du Kurdistan et d’Azerbaïdjan de l’ouest, notamment dans les villes de Sanandaj, Boukan, Saghez, Marivan, Mahabad, Piranchahr, Bidjar, Makou, Chonou et Divandareh, s’est mise en grève pour protester contre ses exécutions. Des manifestations ont également éclaté dans les universités.

Le régime s’acharne particulièrement contre les réseaux de sympathisants de l’opposition organisée des Moudjahidine du peuple. Plusieurs personnes ont été condamnées à mort pour leur appartenance à ce mouvement. Cinq membres de la famille Daneshpour ont été condamnés à mort pour avoir rendu visite à un fils à la Cité d’Achraf, bastion de la Résistance situé en Irak. Le procureur de Téhéran vient de confirmé la condamnation à mort de six prisonniers politiques parents de résidents d’Achraf. des sympathisants de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) :  Mohammad Ali Saremi, Jafar Kazemi, Mohsen Danech-Pour-Moghadam et son fils Ahmad, ainsi que Mohammad Ali Hadj-Agha’i sont condamnés à la peine capitale à cause de la présence de leurs proches dans ce camp. Un sixième prisonnier, Abdol-Reza Ghanbari, est condamné à mort pour avoir envoyé selon l’accusation, des rapports à l’OMPI, lors de la manifestation du 27 décembre.

En même temps, Téhéran profite des derniers instants du gouvernement Maliki en déclin, pour exercer une pression sur les 3400 membres de l’OMPI encerclés dans ce camp. La résistance concentrée à Achraf continue d’inspirer de plus en plus la jeunesse iranienne déterminée à conquérir sa liberté. Cette dernière est à l’écoute d’une véritable alternative qui cherche le changement en profondeur du système politique en place. Les candidats malheureux de l’élection présidentielle semblent ne plus faire recette auprès de la rue. Cédant aux intimidations qui ont suivi la grande manifestation d’Achoura en décembre dernier, Moussavi a particulièrement prouvé qu’il n’était pas à la hauteur de la situation. Il a reconnu implicitement la présidence d’Ahmadinejad et a appelé les manifestants à la « retenue », les invitant à agir dans « le cadre de la loi ». En décalage avec les revendications de la rue qui veut la fin du régime, l’ancien premier ministre de Khomeiny compte sur le guide suprême, dont il reconnait la légitimé, pour exhausser ses vœux. Il n’a pas compris la leçon que le peuple à pourtant, lui, bien saisie : le guide suprême et ses sinistres gardiens de la révolution savent que la fragilité du régime est telle que tout recul conduirait à un éboulement du système.

Dans les rues de Téhéran des affiches appelant à resserrer les rangs autour d’Achraf et réclamant la fin du régime apparaissent sur les mûrs. Un signe qui n’a pas échappé surtout aux dirigeants de Téhéran
 
 
 
 
 
 

 

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