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L’imminence de l’échéance menace de déséquilibrer la paix fragile en Irak

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The Scotsman

Opinion, par Struan Stevenson

L’occident se focalisant désormais fermement sur le carnage qui se poursuit en Afghanistan, on pourrait être pardonné de penser que l’Irak ces jours-ci est un havre de paix et de prospérité.

Rien ne peut être plus éloigné de la vérité. En fait, le résultat des dernières élections fait toujours l’objet de controverse entre les factions rivales qui risquent de manquer un délai constitutionnel demain pour choisir un nouveau président, 30 jours après que le parlement factieux ait siégé une première fois.

Si ce délai est dépassé, il y a un réel danger que les jeunes pousses de la démocratie en Irak soient foulées aux pieds et que toutes les souffrances, les morts, la dévastation et l’effondrement économique auront été vains.

Il y a maintenant quatre mois que le groupe Al Iraqiya dirigé par l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui a remporté de justesse les élections avec une majorité de deux sièges seulement sur l’actuel premier ministre, Nouri al Maliki.

Mais M. Maliki est cramponné au pouvoir, déterminé à utiliser tous les moyens pour y rester. Il y a eu des accusations forgées de toutes pièces en justice contre un certain nombre de députés nouvellement élus de la liste d’Iyad Allawi, prétendant qu’ils auraient soutenu le parti Baasiste de Saddam Hussein.

M. Maliki a même exigé un nouveau dépouillement des suffrages à Bagdad, affirmant qu’il y avait eu une fraude massive. Cela n’a rien changé, débouchant exactement au même résultat.

Pendant ce temps, trois membres du parti Al Iraqiya de M. Allawi ont été assassinés ces deux derniers mois dans des fusillades à motivation politique. M. Maliki a cherché des partenaires possibles, annonçant à un point qu’il avait négocié une grande coalition avec de petits partis chiites et kurdes au parlement irakien.

Cependant, certaines factions chiites, notamment le petit groupe dirigé par le radical Muqtada al Sadr, insurgé-faiseur-de-roi, ne toléreront pas le retour de M. Maliki au pouvoir comme Premier ministre. Ainsi, l’impasse subsiste.

La démocratie est la seule raison pour laquelle la population irakienne accablée a enduré toutes ces souffrances. Si on la laisse mourir avec le viol de la constitution, alors la guerre civile, un retour à la violence et le chaos semblent la seule issue possible.

La communauté internationale doit empêcher cela. Si aucun président n’a été élu à cette date, cela devrait pousser automatiquement la communauté internationale à invoquer le Chapitre 7 de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’Irak – où la communauté internationale aura à assumer la responsabilité d’empêcher un retour à la violence et à la guerre civile.

C’est d’une importance cruciale, car tout vide créé par une brèche dans la Constitution sera facilement comblé par l’Iran voisin, intervenant déjà largement dans les affaires internes de l’Irak et désireux d’étendre sa marque pernicieuse d’islam fasciste à travers l’ensemble du Moyen-Orient.

Le Vice-président américain Joe Biden s’est rendu en Irak le Jour de l’Indépendance des États-Unis – le 4 juillet – pour réaffirmer son engagement en faveur d’un retrait militaire complet d’ici la fin de l’année prochaine, avec 50.000 militaires américains partant le mois prochain.

Biden n’avait pas l’air de se soucier de qui formera le prochain gouvernement en Irak, apparemment décidés à secouer la poussière irakienne de ses chaussures et se laver les mains de tout le gâchis que les Etats-Unis laisseront derrière eux. Cela n’ira tout simplement pas.

Avec l’escalade de la violence, les attentats-suicides quasi-quotidiens et même la réémergence de l’Armée du Mahdi de Muqtada al Sadr dans les rues de Bagdad, les signes sont inquiétants. Les divisions confessionnelles que l’élection était censée guérir se sont rouvertes. La foi du peuple irakien dans le processus démocratique est mise à rude épreuve.

L’Irak a besoin une société stable, non-confessionnelle, d’un gouvernement pour l’intérêt national. La tâche de mettre en place un tel gouvernement doit sûrement incomber au vainqueur de l’élection, Ayad Allawi. S’il ne peut le faire d’ici demain, alors l’Occident devra intervenir une fois de plus pour éviter la catastrophe.

• Struan Stevenson est un eurodéputé conservateur et président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak.

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