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New York Times: Marzieh, chanteuse iranienne et voix de la dissidence

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The New-York Times: Par MARGALIT FOX – Marzieh, la grande diva de la chanson traditionnelle persane, qui avait été réduite au silence après la révolution islamique en 1979 mais qui avait émergé à nouveau des années plus tard hors d’Iran comme une chanteuse et un soutien hautement public de la résistance, est décédée mercredi à Paris. Elle avait 86 ans et s’était exilée en France en 1994.

Son décès, d’un cancer, a été annoncé sur le site internet du Conseil national de la Résistance iranien, le groupe d’opposition, fondé en 1981 et basé en France, auquel elle avait adhéré. Les membres toujours vivants de sa famille comprennent un fils et une petite-fille.

Très connue dans l’Iran d’avant la révolution, Marzieh était aussi étroitement identifiée par la musique de son pays que la grande chanteuse égyptienne Oum Kalthoum l’était avec la sienne. Marzieh a débuté sa carrière au début des années 1940 et a été omniprésente durant des décennies à la radio et en concert. Au fil des années elle a chanté devant un grand nombre de dirigeants internationaux, dont le chah d’Iran, la reine Elisabeth II, le général de Gaulle et le président Nixon.

Marzieh, dont le mezzo-soprano riche et rauque fut souvent comparé à celui d’Edith Piaf, était célèbre pour son vaste répertoire, dont on dit qu’il comprenait un millier de chansons. Elle était connue en particulier pour ses interprétations expressives de chansons d’amour – amour malheureux, amour à sens unique, amour éternel – la plupart desquelles étaient des mises en musique du travail de célèbres poètes lyriques persans du Moyen-âge et d’après.

Marzieh est née sous le nom d’Achraf ol-Sadat Mortezaï à Téhéran en 1924. Son père, un religieux musulman modéré, et sa mère, qui descendait d’une famille d’artistes et de musiciens l’ont encouragée à poursuivre une carrière dans la musique. Elle a étudié durant des années avec certains des plus grands maîtres de la chanson persane avant de se lancer en 1942 sous le nom de scène de Marzieh, un nom populaire iranien signifiant louable et agréable.

En 1979, après le renversement du chah, l’Iran est devenu une théocratie dirigée par l’ayatollah Rouhollah Khomeiny. Les mollahs intégristes qui dirigent le pays ont jugé l’art, y compris la musique, hostile au nouvel ordre. En tant qu’artiste qui était également une femme, Marzieh, doublement marginalisée a été interdite de scène. Elle s’est retirée dans sa ferme à la campagne et n’a pas chanté en public durant quinze ans.

Au cours de cette période, les restrictions envers les chanteuses ont été légèrement assouplies et on a dit à Marzieh qu’elle pouvait se produire devant des publics uniquement de femmes. Elle a considéré cette restriction inacceptable, a-t-elle déclaré plus tard, et maintenu son silence, travaillant en privé là où personne ne pouvait l’entendre.

« Je chantais pour les oiseaux, pour la rivière, les arbres et les fleurs, » a-t-elle dit au Whashington Times en 1995, « mais pas pour les mollahs. »

En 1994, de passage à Paris, Marzieh choisit l’exil. Elle rejoint le Conseil national de la Résistance iranien et vivra ensuite durant plusieurs années en Irak, où une organisation affiliée, le groupe d’opposition armé des Moudjahidine du peuple, possède un camp d’entraînement. Là-bas, elle a parfois chanté  sur un char, en uniforme militaire (…)

Les Moudjahidine du peuple sont sur la liste du Département d’Etat des organisations terroristes étrangères, bien que la Grande-Bretagne et l’Union Européenne les aient retirés de leurs listes ces dernières années.

Marzieh, qui avait 70 ans lorsqu’elle s’est exilée, est revenue sur scène, débutant par un concert au Royal Albert hall à Londres en 1995. Elle a chanté plus tard à Los Angeles et dans plusieurs villes européennes. Elle a donné sa dernière grande représentation à Paris en 2006, à l’âge de 82 ans.

Lors d’interviews, il a souvent été demandé à Marzieh, qui était pratiquement apolitique quand elle était jeune, ce qui l’avait poussée à rejoindre la résistance. Parlant au journal The Scotsman en 1999, elle avait répondu en citant Roumi, le poète persan vénéré du 13ème siècle :

Je cherche ce qui ne peut être trouvé
Car j’en ai assez des bêtes et des ogres
Et je désire un être humain.

Edition du 16 octobre 2010 

Traduit de l’anglais

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