AFP, Washington, 5 décembre – Robert Gates, désigné pour succéder à Donald Rumsfeld à la tête du Pentagone, s’est dit hostile à une attaque contre l’Iran, sauf en « dernier recours absolu » et si les intérêts de sécurité américains étaient menacés, se disant également hostile à intervenir contre la Syrie.
« Les conséquences d’un conflit militaire en Iran pourraient être tout à fait dramatiques », a déclaré M. Gates mardi lors d’une audition devant la commission des forces armées du Sénat, soulignant que « nous avons vu qu’une fois qu’une guerre est lancée, elle devient imprévisible ».
M. Gates, interrogé par le démocrate Robert Byrd, a estimé en outre que toute attaque contre l’Iran ou la Syrie conduirait « très probablement » à aggraver la situation en Irak.
Au contraire, M. Gates a préconisé de nouer des contacts avec ces deux pays.
« Je crois qu’avoir un canal de communication avec ces gouvernements vaut la peine », a-t-il dit.
Il a toutefois ajouté que vu l’attitude de l’Iran envers les Etats-Unis, il n’était « pas optimiste » sur les chances qu’un dialogue puisse être fructueux.
M. Gates a ajouté que les Etats-Unis devaient envisager de manier à la fois la carotte et le bton pour encourager l’Iran et la Syrie à coopérer avec les efforts américains pour stabiliser l’Irak, plutôt que d’envenimer la situation.
Interrogé sur les discours récents du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, M. Gates a estimé que celui-ci mentait lorsqu’il affirme que l’Iran ne cherche pas à se constituer d’arsenal nucléaire.
Mais interrogé sur la crédibilité du président iranien lorsqu’il affirme vouloir « rayer Israël de la carte » M. Gates s’est dit incertain de la portée de ces déclarations.
« Je ne crois pas qu’il plaisante, mais je crois qu’il y a en fait des pouvoirs supérieurs au président en Iran », a-t-il dit. « A mon avis (ces pouvoirs supérieurs) poussent certainement à (l’acquisition d’)une puissance nucléaire, et ils voient cela comme une capacité de dissuasion ».
L’Iran est « entouré de puissances nucléaires, avec le Pakistan à l’est, la Russie au nord, Israël à l’ouest », a rappelé M. Gates.
L’appel au dialogue lancé par le prochain secrétaire à la Défense rejoint ses déclarations de la semaine dernière, où il avait estimé que l’Iran et la Syrie pourraient être invités à participer à une conférence internationale sur l’Irak.
« Même aux pires jours de la guerre froide, les Etats-Unis ont maintenu le dialogue avec l’Union soviétique et la Chine, et je crois que ces canaux de communication ont aidé à gérer beaucoup de situations potentiellement difficiles », avait fait valoir M. Gates dans ses réponses écrites à un questionnaire de la commission.