AFP, Téhéran, 8 août – Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a entamé mercredi sa première visite depuis un an en Iran, afin de tenter d’emporter le soutien de ce pays accusé par les Américains d’armer des mouvements extrémistes irakiens.
Il a été accueilli à l’aéroport de Téhéran par le ministre iranien de l’Energie, Parviz Fattah, et devrait assister à une cérémonie de bienvenue à laquelle prendra part le vice-président iranien Parviz Davoudi.
M. Maliki, dont la dernière visite en Iran remonte au 12 septembre 2006, devrait aussi rencontrer le président Mahmoud Ahmadinejad, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de l’Iran, et le chef des négociateurs du nucléaire iranien Ali Larijani, selon l’agence officielle IRNA.
« Le but de cette visite est d’améliorer nos relations bilatérales et de discuter des questions qui nous préoccupent notamment la sécurité, la coopération économique et commerciale. Nous avons à étudier un large éventail de questions », a indiqué le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari à l’AFP à son arrivée à Téhéran.
Cette visite de trois jours intervient sur fond de crise politique à Bagdad avec la démission de six ministres sunnites. Lundi, ce sont les quatre ministres de la Liste nationale irakienne, des hommes politiques laïcs, qui ont annoncé le boycottage des réunions du gouvernement irakien.
Alors que l’Irak entretient de bonnes relations avec l’Iran, les Etats-Unis accusent régulièrement des groupes liés à la République islamique d’entraîner des mouvements extrémistes irakiens et de leur fournir des armes, ce que Téhéran a toujours démenti.
Par ailleurs, l’armée américaine détient toujours cinq officiers iraniens arrêtés dans le nord de l’Irak en janvier 2006 qu’elle accuse d’appartenir à une force d’élite des Gardiens de la Révolution, ce que Téhéran réfute, les qualifiant de simples diplomates.
Malgré ces nombreux contentieux, les Etats-Unis et l’Iran sont parvenus à se réunir autour de la même table et à avoir plusieurs séries de discussions sur la sécurité en Irak dirigées par leurs ambassadeurs respectifs Ryan Crocker et Hassan Kazemi-Qomi. Ils ont aussi mis en place un comité sécuritaire tripartite.
La première rencontre entre les Etats-Unis et l’Iran a eu lieu le 28 mai. Elle a été suivie, le 24 juillet, par une deuxième série de discussions. Le comité tripartite s’est pour sa part réuni lundi.
Les deux pays n’avaient pas eu des discussions à ce niveau depuis la rupture de leurs relations diplomatiques il y a 27 ans.
« Je crois que dans ces négociations, il y a une tendance des deux parties à aider l’Irak à sortir de la crise », a déclaré M. Maliki dans un entretien à la chaîne de télévision iranienne en langue arabe Al-Alam, diffusé mardi.
Il a toutefois admis qu’il y avait des « difficultés dans le cheminement du dialogue et dans les négociations entre les deux parties ».
« Mais ces négociations mèneront à des solutions positives et nous permettront d’apporter stabilité et sécurité en Irak », a-t-il dit.
Le Premier ministre irakien est arrivé en Iran en provenance de Turquie. Les deux pays ont signé mardi à Ankara un document visant à lutter contre les rebelles kurdes de Turquie installés dans le nord de l’Irak.
Parallèlement à la visite de M. Maliki en Iran, une réunion sur la sécurité en Irak, s’est ouverte mercredi à Damas en présence de représentants de plusieurs pays, notamment des Etats-Unis, d’Iran et de France.
De hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères ou de l’Intérieur de Syrie, de Jordanie, de Turquie, d’Egypte, de Koweït, de Bahreïn, de Russie, de Chine, ainsi que des représentants de l’ONU et de la Ligue arabe prennent part à cette réunion de deux jours.