Le Parisien, 2 mars – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est arrivé dimanche en Irak pour une visite de deux jours sans précédent pour un chef d’Etat iranien dans l’histoire contemporaine des deux pays voisins, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a été reçu à Bagdad par son homologue irakien Jalal Talabani, peu après son arrivée Irak pour une visite historique de deux jours, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le président iranien, vêtu d’un costume gris, sans cravate, et d’une chemise blanche, a passé en revue sur le tapis rouge une garde d’honneur juste après que des fanfares eurent joué les hymnes nationaux iranien et irakien.
Il a ensuite salué plusieurs ministres du gouvernement dont le vice-Premier ministre Barham Saleh.
La visite de Mahmoud Ahmadinejad sera la première d’un chef d’état iranien dans l’histoire récente de l’Irak et l’Iran, deux puissances régionales à majorité chiite ennemies durant le régime de Saddam Hussein.
Avant son arrivée à Bagdad, le président iranien a affirmé que cette visite permettrait de renforcer les relations entre l’Irak et l’Iran, deux puissances régionales à majorité chiite, mais ennemies durant le régime de Saddam Hussein.
«J’espère que ma visite sera une grande étape dans le renforcement des liens fraternels entre les deux nations», a dit M. Ahmadinejad à des journalistes.
Cette visite s’annonce comme un bras de fer entre Téhéran, accusé par l’Occident de chercher à se doter de l’arme nucléaire et de déstabiliser son voisin, et les Etats-Unis, qui disposent de 158.000 soldats en Irak.
«Nous considérons que l’insécurité, les désaccords et les tensions sont orchestrés par les occupants de l’Irak», a assuré M. Ahmadinejad, démentant de nouveau les accusations américaines d’ingérence.
Le président américain George W. Bush a répondu dans une mise en garde nette, affirmant samedi: «Mon message, à son attention, c’est: cessez d’exporter le terrorisme». «Le message doit être le suivant: cessez d’envoyer (en Irak) des équipements sophistiqués qui tuent» les soldats américains, a poursuivi M. Bush en référence aux engins explosifs que les Etats-Unis accusent l’Iran de fournir à ceux qui combattent les Américains en Irak.
Les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran ont été rompues en 1980 mais Washington et Téhéran ont tenu l’an dernier trois séances de discussions sur la sécurité de l’Irak, en dépit des tensions croissantes autour du programme nucléaire iranien.
La visite de Mahmoud Ahmadinejad, considéré comme un dangereux extrémiste par Washington, notamment pour ses propos sur l’élimination d’Israël, sera la première d’un chef d’état iranien depuis la fin du règne de la dynastie des Pahlavi en Iran.
En 1980, le régime de Saddam Hussein avait lancé une offensive contre la République islamique naissante, plongeant les deux pays dans un conflit sanglant qui allait durer huit ans et coûter des centaines de milliers de vies.
En dépit d’un cessez-le-feu établi en 1988, les relations bilatérales n’allaient pas se normaliser avant la chute de Saddam Hussein en 2003.
Depuis la fin du régime baassiste, les relations se sont rapidement améliorées, avec l’installation à Bagdad d’un pouvoir dominé par des dirigeants chiites qui ont souvent vécu en exil en Iran sous Saddam Hussein.