CMAQ (Québec), 21- Vendredi dernier le 17 juin, le cinéaste canadien dorigine iranienne Masoud Raouf, récipiendaire de plusieurs prix pour ses réalisations dans le domaine du film documentaire et du film danimation, a subi un violent passage à tabac de la part de membres du personnel de lAmbassade dIran dans la capitale canadienne, alors quil sapprêtait à filmer des images du scrutin qui sy tenait à loccasion des élections présidentielles iraniennes. Les fonctionnaires de lambassade ont motivé leur geste en alléguant que monsieur Raouf avait filmé sans détenir les autorisations nécessaires.
Lincident est survenu alors quune manifestation en faveur du boycott des élections se déroulait devant lambassade. Précisons que les manifestants étaient tenus à distance, sur le trottoir opposé à celui de lambassade qui était occupé par des agents de la GRC. Avant dentrer dans lambassade, le cinéaste a avisé certains officiers de la Gendarmerie Royale de son intention de filmer. Sitôt à lintérieur, il sest dirigé vers une table de scrutin pour senquérir de la personne à contacter pour obtenir lautorisation de filmer, puis il a commencé, ce faisant, à installer sa caméra et à procéder à des tests techniques pour le réglage de la lumière.
Trois fonctionnaires de lAmbassade se sont alors approchés de lui et ont exigé quil leur remette sa caméra, laccusant de filmer à lintérieur de lambassade. Monsieur Raouf qui niait avoir filmé les isoloirs a demandé quon fasse appel à la GRC pour que des agents soient présents lors de la vérification du contenu de la bande vidéo de sa caméra. Les fonctionnaires ont dabord accepté, mais sans y donner suite. Pendant ce temps, les activités des scrutateurs et des rares électeurs présents sur les lieux se poursuivaient normalement.
La situation sest envenimée progressivement, jusquà ce que les trois fonctionnaires encerclent monsieur Raouf qui persistait à demander la présence de la GRC. Lun deux sest alors emparé de la caméra, puis a appuyé sur le bouton PLAY pour en visionner les tests : comme il a constaté, les essais montraient des manifestants visibles à travers une fenêtre et ne contenaient aucune image des tables de scrutin. Les fonctionnaires sapprêtaient à quitter les lieux avec sa caméra, refusant cette fois carrément de sadresser à la GRC, lorsque le cinéaste, en désespoir de cause, a tapé de la main dans la fenêtre de lambassade pour attirer lattention des agents postés à lextérieur.
Cest à ce moment que brutalement, un coup de poing surgi de nulle part lui a fracassé le nez, suivi dun autre à la joue droite qui lui a brisé une dent. Lors du tabassage en règle qui a commencé alors, les fonctionnaires lont projeté violemment sur un mur, déchirant son veston et sa chemise et le frappant à coups de pieds aux jambes et aux parties génitales. Devant la violence de lagression, monsieur Raouf sest emparé du premier objet qui lui est tombé sous la main, un support de papier essuie-tout, pour en fracasser une fenêtre, de manière à attirer lattention et obtenir de laide.
Le fracas de la vitre volée en éclat a été suffisant pour lui permettre de courir vers la porte dentrée de lambassade où il est tombé sur les agents de la GRC qui pénétraient à lintérieur. Les trois fonctionnaires se sont alors dispersés, tandis que les manifestants alarmés fonçaient pour occuper les abords de lambassade en criant, parce quils croyaient la vie du cinéaste en danger.
Après avoir passé 45 minutes à saigner abondamment de ses coupures au visage, monsieur Raouf a pu quitter lambassade, ayant récupéré sa caméra sans la bande vidéo. Avant son transport à lhôpital, il sest adressé brièvement à la foule et aux représentants des médias qui étaient présents au sujet de lagression dont il venait dêtre victime.
ہ la suite de sa terrible expérience, le cinéaste tire la leçon suivante : « Si des actions aussi brutales peuvent sappliquer à un citoyen canadien dans une ambassade iranienne située au Canada, imaginez le sort de quelquun qui se trouverait dans une situation similaire en Iran, en particulier sil est déjà détenu dans une prison iranienne. Le cas de Zahra Kazemi vient immédiatement à lesprit. » Il ajoute ceci : « Depuis le début du régime islamique, le gouvernement iranien simagine pouvoir commettre des atrocités en toute impunité, aussi bien à lintérieur quà lextérieur du territoire iranien. ہ ce sujet, saviez-vous que les deux candidats du second tour de scrutin qui doit avoir lieu la semaine prochaine, messieurs Ahmadinejad et Rafsandjani, ne pourraient pas trouver refuge à létranger, parce quils sont impliqués tous deux dans des meurtres de leaders de lopposition ou de dissidents politiques, qui ont été commis en territoire européen ? »
Pour plus dinformation, vous pouvez vous adresser à Masoud Raouf, en téléphonant au
514-824-2341 ou en écrivant par courriel à [email protected].