Iran Focus, Téhéran, 26 juin Au lendemain de lélection surprise du maire ultra de Téhéran comme nouveau président de la théocratie iranienne, les forces de sécurité du pays ont été placées en état dalerte dans tout le pays samedi pour empêcher toute manifestation.
La mesure reflétait la crainte de voir une jeunesse mécontente réagir avec colère à ce que beaucoup considèrent comme un « coup dEtat » du guide suprême layatollah Ali Khameneï et les institutions de laile dure sous son contrôle pour consolider leur pouvoir. La réaction furieuse du perdant Hachemi Rafsandjani, à lannonce du résultat de lélection a électrisé davantage le climat politique à Téhéran.
Dans un communiqué publié hier, Rafsandjani a accusé les institutions de lEtat « davoir eu recours à tous les moyens possibles de manière organisée et à des ingérences illégales dans le scrutin. »
« Si la colère de Dieu appelle à la vengeance, elle ne sera pas dirigée contre le peuple iranien et la révolution islamique, mais contre les véritables criminels qui seront châtiés », a affirmé lancien président en évoquant de manière indirecte les religieux puissants autour de Khameneï.
Le soir du scrutin, Khameneï a interdit toutes les manifestations de rue à lannonce des résultats, craignant que les opposants au régime ne profitent de loccasion pour lancer des manifestations hostiles au pouvoir.
« Faire descendre le peuple dans la rue sous nimporte quel prétexte va à lencontre des intérêts du pays », a déclaré Khameneï dans un communiqué lu à la radiotélévision dEtat.
« Khameneï a pris un grand risque » dit Chahine Soltani, un analyste de lIran basé à La Haye. « Il sest mis dans une meilleure position pour faire face à la montée de la crise. Mais il a aliéné non seulement Hachemi Rafsandjani, mais aussi dimportants religieux qui ne veulent pas voir tout le pouvoir concentré dans les mains des ultras. Cette aliénation massive le laisse dans une position vulnérable, malgré le succès de cette stratégie de mettre son homme à la présidence. »
Dautres analystes voient un potentiel croissant de manifestation spontanée dans la jeunesse, les femmes et les autres secteurs défavorisés de la population.
« Il est trop tôt pour parler dune révolution violette ou orange en Iran », explique Massoud Zabeti, un analyste dIran Focus basé à Londres, dans une interview téléphonique. « Mais les ingrédients de bases un large mécontentement populaire, la lutte pour le pouvoir au sommet du régime et des forces de sécurité démoralisées – sont réunis. Khameneï a raison de craindre les protestations de rue qui pourraient facilement échapper à tout contrôle. »
Ces derniers jours, il y a eu de nombreuses manifestations à Téhéran et dans les grandes villes appelant au boycott du scrutin, réclamant un référendum et la fin du régime religieux. Aucune na été de taille à poser une véritable menace à lautorité religieuse, mais les forces de sécurité ne leur ont laissé aucune chance et ont utilisé la violence pour disperser les protestataires.
« La République islamique entre dans la phase la plus périlleuse de son existence depuis la mort de layatollah Khomeiny en 1989 », estime Zabeti. « Dans cette situation, même des manifestations limitées peuvent être dangereuses. »