AFP : L’ancien président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi a vivement critiqué dimanche la montée en puissance « dangereuse » des Gardiens de la révolution en Iran, et le « chaos » dans lequel le gouvernement a plongé selon lui le pays.
Dans une lettre à l’ancien président Akbar Hachémi-Rafsandjani qui dirige l’Assemblée des experts, organe influent chargé notamment de contrôler l’action du Guide de la République islamique Ali Khamenei, M. Karoubi a dénoncé le rôle politique et économique croissant des Gardiens de la révolution (Pasdaran), corps idéologique d’élite des forces armées iraniennes.
« Cette entité soufre de deux maux très dangereux pour elle et qui menacent la nation: son entrée inconditionnelle dans l’arène politique, et son entrée dans l’économie où elle recherche des monopoles », a estimé M. Karoubi, l’une des principales figures de l’opposition au président Mahmoud Ahmadinejad, dans sa lettre publiée sur son site Kaleme.com.
Le rôle croissant des Pasdaran depuis l’arrivée au pouvoir de M. Ahmadinejad en 2005 est contraire au souhait de l’Imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, qui les avait « empêchés d’entrer en politique et en économie », a-t-il ajouté dans cette lettre.
Les Gardiens de la révolution, qui dépendent du guide de la République islamique, ont développé leur emprise sur des pans entiers de l’économie iranienne comme les grands travaux, l’industrie automobile, les télécommunications ou plus récemment le pétrole et le gaz.
M. Karoubi a également dénoncé le « chaos évident dans toutes les décisions du gouvernement » du président Ahmadinejad, qui, depuis sa réélection contestée de juin 2009, bénéficie du soutien sans faille du guide de la République islamique.
Ces décisions ont entraîné « récession économique et la hausse du chômage », a affirmé M. Karoubi. Elles sont également responsables des sanctions internationales contre l’Iran, résultat de « l’absence de sagesse, du manque d’expérience et des rodomontades continuelles du gouvernement et particulièrement du président » sur ce sujet, a-t-il estimé.
« Si l’Assemblée des experts ne fait rien maintenant » pour mettre fin à ces dérives, « il finira par être trop tard », a affirmé M. Karoubi.