AFP: L’ancien ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a jugé dimanche que son récent limogeage par le président Ahmadinejad alors qu’il était en visite officielle au Sénégal était « offensant » et contraire aux « règles de l’islam ».
« Limoger un ministre alors qu’il se trouve en mission viole les règles de l’islam et de la diplomatie, c’est offensant et contraire aux pratiques de la politique », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par l’agence de presse Mehr.
Manouchehr Mottaki, chef de la diplomatie depuis 2005, a été limogé le 13 décembre par M. Ahmadinejad, qui l’a remplacé provisoirement par le chef du programme nucléaire Ali Akbar Salehi.
Aucune explication n’a été donnée à cette décision, intervenue alors que l’Iran vient de rouvrir début décembre à Genève, après un an d’interruption, des discussions délicates avec les grandes puissances sur son programme nucléaire controversé.
« On ne m’a rien dit jusqu’à 24 heures après mon départ en mission », a dénoncé M. Mottaki, qui avait pourtant rencontré M. Ahmadinejad la veille de son départ, selon Mehr.
« Ce qui est plus ridicule encore, c’est que (je n’ai pas été informé de) la date de la cérémonie » de passage de pouvoir, a encore dit l’ancien ministre, qui était donc absent samedi de la cérémonie de prise de fonctions de M. Salehi.
Un haut conseiller du président Ahmadinejad a réagi à ces déclarations en réaffirmant que M. Mottaki avait été mis au courant à l’avance de son limogeage.
« M. Mottaki a été informé du changement le samedi (11 décembre) et lui-même a dit qu’il était prêt » à être remplacé, a déclaré Mojtaba Samareh Hashemi, d’après l’agence Isna.
De son côté, le président conservateur du Parlement iranien Ali Larijani, un proche de M. Mottaki qui a multiplié les critiques contre M. Ahmadinejad ces derniers mois, a déploré la manière dont le limogeage avait eu lieu.
« Si l’intention était de remplacer le ministre des Affaires étrangères, il aurait été juste de le faire avec tact et respect vis-à-vis du ministre, pas quand (il se trouvait) en voyage », car cela a « donné lieu à des interprétations inappropriées sur la situation du pays », a-t-il dit, selon des propos rapportés par Isna.
Le limogeage du M. Mottaki pourrait traduire une volonté de M. Ahmadinejad de renforcer son emprise sur la politique étrangère, déterminante dans le dialogue nucléaire avec les grandes puissances, selon des médias iraniens.
Selon plusieurs journaux, il est aussi l’aboutissement d’un conflit lié à la décision de M. Ahmadinejad de confier à une poignée de proches conseillers certaines missions diplomatiques sensibles, directement sous son contrôle.