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L’Iran se tourne vers l’Arménie pour contourner les sanctions bancaires

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Par Louis Charbonneau (Traduit de l’original en anglais)

Reuters, 21 aout – Avec les sanctions internationales asphyxiant l’Iran, la République islamique cherche un pied-à-terre bancaire dans la nation caucasienne de l’Arménie pour compenser les difficultés dans le pays sur lesquels il avait l’habitude de compter pour ses affaires, selon des diplomates et des documents.

L’intérêt croissant de l’Iran à l’égard de l’Arménie, un pays montagneux et enclavé d’environ 3,3 millions d’habitants, arrive à un moment d’isolation internationale grandissante pour Téhéran et de surveillance accrue par les gouvernements et organismes de renseignement occidentaux des liens bancaires iraniens à travers le monde pour tenter d’étouffer le programme nucléaire du pays.

L’exemple le plus récent est la banque britannique Standard Chartered, qui est sur la sellette en raison des accusations américaines selon lesquelles elle a caché aux régulateurs et actionnaires américains quelque 250 milliards de dollars de transactions liées à l’Iran.

Une implantation en monnaie locale chez un voisin comme l’Arménie, une ancienne république soviétique ayant des attaches commerciales étroites avec l’Iran et qui travaille dur pour établir des liens plus étroits avec l’Union européenne, pourrait rendre plus facile à l’Iran de brouiller les paiements en provenance et en direction de clients étrangers et de tromper les organismes de renseignement occidentaux tentant de l’empêcher de développer ses programmes nucléaires et de missiles.

Les responsables arméniens ont réfuté des liens bancaires illicites avec l’Iran. La banque centrale du pays a publié un communiqué de presse en réaction à cet article, déclarant qu’il est exigé de toutes les banques de vérifier leurs transactions afin d’éviter des échanges financiers douteux.

« La banque centrale d’Arménie continuera sa surveillance du comportement et des transactions de toutes les institutions financières et de leurs clients en (…) Arménie, afin de préserver son système financier de tout effet déstabilisateur. », dit le communiqué.

Tandis que les quatre séries de sanctions onusiennes restent limitées, avec seulement deux banques iraniennes mises à l’index par le Conseil de sécurité, les États-Unis et l’Union européenne ont mis en œuvre des restrictions plus sévères, sanctionnant des dizaines de banques et autres entreprises, et rendant ainsi de plus en plus difficile pour Téhéran de faire des affaires en dollars américains et en euros.

Un panel d’experts onusiens qui surveille la conformité avec les sanctions contre Téhéran a récemment soumis un rapport au comité des sanctions contre l’Iran du Conseil de sécurité de l’ONU qui a conclu que l’Iran cherchait constamment des moyens de contourner les restrictions contre son secteur bancaire.

« Un état jouxtant l’Iran a informé le panel des demandes iraniennes d’ouvrir de nouvelles institutions financières », dit le rapport.

« Les demandes n’ont pas été suivies apparemment en raison de la pesante législation de ce pays. »
Plusieurs diplomates de l’ONU connaissant bien le travail du panel ont confirmé que le pays dont le nom n’a pas été divulgué était l’Arménie, où l’Iran a déjà des liens bancaires.

Malgré les démentis de l’Arménie quant à des dispositions bancaires illégales, l’Iran n’a pas abandonné ses tentatives de s’implanter dans le pays, selon les diplomates, et les responsables américains ont à plusieurs reprises averti leurs collègues arméniens de durcir les contrôles financiers.

RAPPORTS ET DEMENTIS

Le commerce de l’Iran avec l’Arménie, dont un oléoduc qui devrait être achevé en 2014 selon les médias arméniens, demande une sorte de banque transfrontalière. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que le commerce annuel de l’Iran avec l’Arménie était d’environ un milliard de dollars, selon les informations des médias iraniens.

S’engager dans des transactions avec les banques iraniennes n’est pas une violation des sanctions internationales tant que cela n’est pas lié aux programmes nucléaires ou de missiles de l’Iran ou aux compagnies et individus touchés par les sanctions des États-Unis, de l’UE ou de l’ONU.

L’Iran maintient que son programme nucléaire est pacifique et refuse de l’arrêter. Il dit que les sanctions sont illégales.

Mais Washington a fait clairement comprendre aux gouvernements du monde entier que commercer avec les firmes iraniennes qui sont sanctionnées par les États-Unis pourrait conduire à une mise à l’index par les USA.

Un rapport du renseignement occidental montré à Reuters et daté de mai 2012 affirmait que l’Iran cherchait des endroits commodes pour développer des relations bancaires alternatives loin des organismes d’espionnage et autres agences de surveillance internationales. Il disait qu’une présence étendue en Arménie constituait un des objectifs de l’Iran.

« La banque centrale de l’Iran (CBI) opère depuis des années pour instaurer et développer des infrastructures dissimulées afin de permettre à l’Iran de continuer son commerce avec les pays étrangers, et notamment les pays appropriés pour l’activité iranienne, tels que les Émirats-Arabes-Unis et la Turquie. », dit le rapport.

« La pression grandissante sur les banques dans certains de ces pays a forcé les économistes de la CBI à chercher des alternatives financières dans des pays qui ne travaillent pas selon les diktats de l’Occident. », affirme le rapport, désignant l’Arménie comme une cible.

Outre la Turquie et les Émirats-Arabes-Unis, des diplomates affirment que l’Iran tente de développer des voies financières ailleurs afin d’éviter les sanctions, se concentrant sur des pays tels que la Malaisie, la Chine, l’Inde, le Brésil et, selon un article dans le New York Times le week-end dernier,. l’Irak

L’Iran utilise les banques irakiennes pour transférer d’importantes sommes en espèces dans le système bancaire international, provoquant des protestations américaines d’ordre privé contre Bagdad, a indiqué le Times.

En ce qui concerne l’Arménie, le rapport du renseignement occidental a mentionné la banque arménienne ACBA Crédit Agricole, une institution offrant tous les services qui fait des affaires avec les individus et les compagnies et qui a eu quelques 574 millions de dollars d’actifs l’année dernière, comme une des principales cibles de l’Iran.

Un diplomate occidental de l’ONU qui suit étroitement les sanctions contre Téhéran a confirmé que l’ACBA était « une banque qui a surgi en connexion avec l’Iran ». Il a refusé de fournir des détails de toutes transactions de l’ACBA potentiellement illicites liées à l’Iran.

Ashot Osipyan, président de l’Union des banques de l’Arménie, a affirmé qu’il était impossible que l’ACBA ait eu des liens avec l’Iran.

« Les banques arméniennes financent uniquement l’économie de l’Arménie. », a-t-il dit.

Le président-directeur général de l’ACBA, Stepan Gishian, était pareillement catégorique dans son démenti d’aider l’Iran à esquiver les sanctions.

« Nous finançons exclusivement l’économie de l’Arménie », a-t-il affirmé. « Nous n’avons aucune relation avec l’Iran. Nous n’en avons jamais eu, nous n’en avons pas, et en outre, nous n’envisageons pas de devenir un canal pour financer l’Iran. Ce que vous dites constitue de pures absurdités. »

La déclaration de la banque centrale a affirmé que « les banques dans la république d’Arménie, dont CJSC de  » l’ACBA-Banque Crédit Agricole  » ne détiennent pas de comptes correspondant avec des banques ou des institutions financières dans la république islamique d’Iran. »

Washington a récemment fait part de ses inquiétudes auprès des responsables arméniens quant à la possibilité que l’Iran puisse exploiter l’Arménie pour contourner les sanctions. La secrétaire d’État Hillary Clinton a discuté de la question avec le président Serzh Sargsyan lors d’une réunion en juin à Yerevan, a déclaré un haut fonctionnaire du département d’État.

La teneur précise des discussions ainsi que l’issue étaient peu claires.

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