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L’Iran, critiqué à l’AIEA, subit l’effet des sanctions (Le Monde)

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Le Monde: L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui fournit des expertises à l’ONU, a les plus grandes peines à accomplir sa mission de vérification en Iran, où les autorités s’attachent à réduire sans cesse son champ d’action tout en protestant de leur bon droit. Ce constat était, cette semaine, au coeur de la réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA, son instance exécutive, qui devait s’achever, vendredi 17 septembre, à Vienne.

La Syrie épinglée pour son programme nucléaire

Les Etats-Unis ont demandé, par la voix de leur représentant auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le déclenchement d’une procédure d' »inspection spéciale » à l’encontre de la Syrie, en raison de son refus, depuis 2008, de faire toute la lumière sur son programme nucléaire. Une telle démarche a peu de chances, selon les experts, d’être validée au sein des organes politiques de l’AIEA, dont l’Assemblée générale s’ouvrira à Vienne le 20 septembre. Les pays arabes s’apprêtent en effet à concentrer leurs critiques sur les activités nucléaires d’Israël. En septembre 2007, un bombardement israélien avait détruit un site en Syrie où, selon Washington, un réacteur nucléaire de type nord-coréen était en construction. Paris a appelé Damas à coopérer avec l’AIEA, sans mentionner d' »inspection spéciale ».

Les Etats-Unis et leurs partenaires européens (France, Royaume-Uni, Allemagne) ont dénoncé à cette occasion les « obstructions » et les tentatives d' »intimidation » de l’Iran à l’égard des équipes de l’AIEA. Le représentant iranien a rétorqué que son pays était pleinement fondé à refuser l’accès à certains inspecteurs de l’agence (au total, une quarantaine d’experts étrangers ont été interdits), ce que contestent les Occidentaux.

La crédibilité de l’AIEA est en jeu, selon des diplomates, ainsi que sa capacité à détecter en temps nécessaire une éventuelle accélération du programme nucléaire iranien vers la production de matière fissile, si d’aventure Téhéran prenait la décision de franchir ce pas.

La prochaine étape diplomatique doit se jouer la semaine prochaine à New York, où une réunion ministérielle des Six, les pays chargés du dossier nucléaire (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne) est prévue en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.

Les diplomates en attendent peu de chose même si une réflexion a été lancée entre les « grandes » capitales, depuis l’été, pour savoir, selon un diplomate, « comment améliorer l’offre » de dialogue faite à l’Iran depuis plusieurs années mais restée sans réponse consistante.

Impact des sanctions

Aucune date n’a été fixée pour reprendre des discussions entre les Six et l’Iran, qui avaient été relancées en octobre 2009 à Genève. Aucun rendez-vous n’est, non plus, annoncé pour discuter à Vienne du projet d’évacuation vers l’étranger d’uranium iranien enrichi mis en avant à l’automne 2009.

Le contexte a fondamentalement changé en un an, estime-t-on côté occidental, car l’Iran commence à subir de plein fouet l’effet des sanctions internationales sans précédent adoptées à son encontre depuis le mois de juin (résolution 1929 à l’ONU, suivie de mesures de l’Union européenne, des Etats-Unis et d’autres pays, comme le Japon). L’impact serait sérieux et affecte, comme l’a récemment détaillé le Financial Times, les exportations de pétrole brut iranien, la principale ressource du pays.

Les responsables français, qui s’en tiennent à une ligne stricte, ont mis en garde Washington contre des « concessions » à Téhéran, sentant que Barack Obama aimerait se prévaloir, avant les élections de mi-mandat en novembre, d’une percée diplomatique. Nicolas Sarkozy et son homologue américain ont parlé de l’Iran par téléphone le 2 septembre. Le lendemain, on indiquait de source diplomatique à Paris avoir obtenu l’assurance que Washington n’envisageait pas de scénario « gel contre gel » (gel de l’accroissement des sanctions en échange d’un gel de l’augmentation du nombre de centrifugeuses iraniennes, les appareils enrichissant l’uranium).

Ce double gel serait insuffisant, juge-t-on côté français, car l’Iran pourrait continuer d’accumuler de l’uranium enrichi (son stock s’élève à environ 2,8 tonnes). Paris estime qu’il faut laisser les sanctions faire effet encore « quelques mois « .

Début août, le président Obama avait reitéré devant des journalistes sa volonté de dialogue, en espérant que la pression extérieure pousserait Téhéran à assouplir sa position. Les optimistes ont relevé à ce sujet les récents propos de l’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani accusant le pouvoir en place de « minimiser » l’impact des sanctions.

Natalie Nougayrède

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