Alors que de nombreux analystes du paysage politique iranien s’attendaient à une position unifiée au sein du régime iranien après qu’Ali Khamenei, le chef suprême du régime a décidé de consolider son gouvernement en nommant Ebrahim Raïssi à la présidence, les derniers faits montrent qu’il n’a pas atteint son objectif et au contraire, le régime fait face à de graves dissensions politiques au sein de l’élite dirigeante.
Au cours des dernières semaines, alors que les pourparlers sur le nucléaire iranien touchaient à leur fin, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) est devenu la principale source de ces différends. Le régime a exigé que le gouvernement américain retire le CGRI (pasdaran) de la liste des organisations terroristes étrangères (FTO).
Depuis le 15 avril 2019, date à laquelle la décision du gouvernement américain a été prise pour la première fois, elle a créé de sérieux problèmes pour le soutien financier du régime, et le régime a ensuite fait face à des pénuries pour stimuler ses activités extérieures, alors que la majeure partie de l’économie du pays est contrôlée par le CGRI. Alors que le régime participe actuellement aux pourparlers nucléaires en cours, le CGRI est devenu l’un des principaux sujets des négociations entre le gouvernement américain et le régime iranien.
Sous pression pour clarifier et accepter un nouveau JCPOA, le ministre des Affaires étrangères du régime, Hossein Amir-Abdollahian, a cité certains des hauts commandants du CGRI dans une interview télévisée le 26 mars 2021, disant que le régime ne devrait pas donner la priorité aux gardiens de la révolution dans le négociations.
Il a déclaré : « Les hauts responsables du CGRI nous rappellent toujours que la question du CGRI ne devrait pas être un obstacle pour vous. En fait, les hauts responsables du CGRI font preuve d’abnégation au plus haut niveau ! »
Il a ajouté : « La question du CGRI fait partie de nos négociations, tout comme d’autres questions qui sont toujours en cours entre nous et les Américains ».
Cela a été fait pour ouvrir la voie à la fin des négociations et sortir le régime de l’impasse dans laquelle il se trouve et de ses conséquences. Mais le spectre des conséquences néfastes et dangereuses du maintien du CGRI sur le FTO signifie que le régime doit s’abstenir de son ingérence régionale, ce qui sera un coup stratégique pour le régime.
Par conséquent, certains responsables du régime ont exprimé leur inquiétude et leur frustration face aux propos d’Amir-Abdollahian.
L’agence de presse officielle Fars, affiliée au CGRI, a cité Hossein Shariatmadari, le porte-parole de Khamenei dans le quotidien Kayhan, disant : « Vous avez appelé à tort la reddition ‘sacrifice’ ».
Le député du régime, Ali Khezrian, a attaqué Amir-Abdollahian dans un tweet : « Les remarques d’Amir-Abdollahian étaient erronées car elles vont finalement à l’encontre des intérêts de l’État et complètent le plan de l’ennemi visant à créer un fossé entre l’État et le peuple ».
Pourtant, d’autres ont mis en garde contre la critique des remarques d’Amir-Abdollahian. Rasoul Montajabnia, se référant à la situation difficiles et à l’impasse dans laquelle se trouve le régime : «Maintenant, l’État est dans une situation difficile qui nécessite la baisse des températures. Parfois, les responsables ont besoin de prendre un peu de recul et, selon (l’imam) Khomeiny, de boire le calice empoisonné afin de pouvoir résoudre ces problèmes. »
La question ici est de savoir si Khamenei acceptera une telle décision? Le fait est que le régime est pris entre le marteau et l’enclume. Accepter un nouveau JCPOA avec les conditions et exigences du gouvernement américain aura les mêmes conséquences.
Comme Khamenei l’a désespérément déclaré le 10 mars : « Cette présence dans les questions régionales est notre profondeur stratégique. C’est en soi un outil pour renforcer le système. Comment pouvons-nous abandonner cela ? »